基督山伯爵中法對照10
Chapitre X
Le petit cabinet des Tuileries
Abandonnons Villefort sur la route de Paris, où, grâce aux triples guides qu'il paie, il brûle le chemin, et pénétrons à travers les deux ou trois salons qui le précèdent dans ce petit cabinet des Tuileries, à la fenêtre cintrée, si bien connu pour avoir été le cabinet favori de Napoléon et de Louis XVIII, et pour être aujourd'hui celui de Louis-Philippe.
Là, dans ce cabinet, assis devant une table de noyer qu'il avait rapportée d'Hartwell, et que, par une de ces manies familières aux grands personnages, il affectionnait tout particulièrement, le roi Louis XVIII écoutait assez légèrement un homme de cinquante à cinquante-deux ans, à cheveux gris, à la figure aristocratique et à la mise scrupuleuse, tout en notant à la marge un volume d'Horace, édition de Gryphius, assez incorrecte quoique estimée, et qui prêtait beaucoup aux sagaces observations philologiques de Sa Majesté.
« Vous dites donc, monsieur ? dit le roi.
- Que je suis on ne peut plus inquiet, Sire.
- Vraiment ? auriez-vous vu en songe sept vaches grasses et sept vaches maigres ?
- Non, Sire, car cela ne nous annoncerait que sept années de fertilité et sept années de disette, et, avec un roi aussi prévoyant que l'est Votre Majesté, la disette n'est pas à craindre.
- De quel autre fléau est-il donc question, mon cher Blacas ?
- Sire, je crois, j'ai tout lieu de croire qu'un orage se forme du côté du Midi.
- Eh bien, mon cher duc, répondit Louis XVIII, je vous crois mal renseigné, et je sais positivement, au contraire, qu'il fait très beau de ce côté-là. »
Tout homme d'esprit qu'il était, Louis XVIII aimait la plaisanterie facile.
« Sire, dit M. de Blacas, ne fût-ce que pour rassurer un fidèle serviteur, Votre Majesté ne pourrait-elle pas envoyer dans le Languedoc, dans la Provence et dans le Dauphiné des hommes sûrs qui lui feraient un rapport sur l'esprit de ces trois provinces ?
- Canimus surdis, répondit le roi, tout en continuant d'annoter son Horace.
- Sire, répondit le courtisan en riant, pour avoir l'air de comprendre l'hémistiche du poète de Vénouse, Votre Majesté peut avoir parfaitement raison en comptant sur le bon esprit de la France ; mais je crois ne pas avoir tout à fait tort en craignant quelque tentative désespérée.
- De la part de qui ?
- De la part de Bonaparte, ou du moins de son parti.
- Mon cher Blacas, dit le roi, vous m'empêchez de travailler avec vos terreurs.
- Et moi, Sire, vous m'empêchez de dormir avec votre sécurité.
- Attendez, mon cher, attendez, je tiens une note très heureuse sur le Pastor quum traheret, attendez, et vous continuerez après. » Il se fit un instant de silence, pendant lequel Louis XVIII inscrivit, d'une écriture qu'il faisait aussi menue que possible, une nouvelle note en marge de son Horace ; puis, cette note inscrite :
« Continuez, mon cher duc, dit-il en se relevant de l'air satisfait d'un homme qui croit avoir eu une idée lorsqu'il a commenté l'idée d'un autre. Continuez, je vous écoute.
- Sire, dit Blacas, qui avait eu un instant l'espoir de confisquer Villefort à son profit, je suis forcé de vous dire que ce ne sont point de simples bruits dénués de tout fondement, de simples nouvelles en l'air, qui m'inquiètent. C'est un homme bien-pensant, méritant toute ma confiance, et chargé par moi de surveiller le Midi le duc hésita en prononçant ces mots, qui arrive en poste pour me dire : Un grand péril menace le roi. Alors, je suis accouru, Sire.
- Mala ducis avi domum, continua Louis XVIII en annotant.
- Votre Majesté m'ordonne-t-elle de ne plus insister sur ce sujet ?
- Non, mon cher duc, mais allongez la main.
- Laquelle ?
- Celle que vous voudrez, là-bas, à gauche.
- Ici, Sire ?
- Je vous dis à gauche et vous cherchez à droite ; c'est à ma gauche que je veux dire : là ; vous y êtes ; vous devez trouver le rapport du ministre de la Police en date d'hier... Mais, tenez, voici M. Dandré lui-même... n'est-ce pas, vous dites M. Dandré ? interrompit Louis XVIII, s'adressant à l'huissier qui venait en effet d'annoncer le ministre de la Police.
- Oui, Sire, M. le baron Dandré, reprit l'huissier.
- C'est juste, baron, reprit Louis XVIII avec un imperceptible sourire ; entrez, baron, et racontez au duc ce que vous savez de plus récent sur M. de Bonaparte. Ne nous dissimulez rien de la situation, quelque grave qu'elle soit. Voyons, l’île d'Elbe est-elle un volcan, et allons-nous en voir sortir la guerre flamboyante et toute hérissée : bella, horrida bella ? »
M. Dandré se balança fort gracieusement sur le dos d'un fauteuil auquel il appuyait ses deux mains et dit :
« Votre Majesté a-t-elle bien voulu consulter le rapport d'hier ?
- Oui, oui ; mais dites au duc lui-même, qui ne peut le trouver, ce que contenait le rapport ; détaillez-lui ce que fait l'usurpateur dans son île.
- Monsieur, dit le baron au duc, tous les serviteurs de Sa Majesté doivent s'applaudir des nouvelles récentes qui nous parviennent de l'île d'Elbe. Bonaparte... »
M. Dandré regarda Louis XVIII qui, occupé à écrire une note, ne leva pas même la tête.
« Bonaparte, continua le baron, s'ennuie mortellement ; il passe des journées entières à regarder travailler ses mineurs de Porto-Longone.
- Et il se gratte pour se distraire, dit le roi.
- Il se gratte ? demanda le duc ; que veut dire Votre Majesté ?
- Eh oui, mon cher duc ; oubliez-vous donc que ce grand homme, ce héros, ce demi-dieu est atteint d'une maladie de peau qui le dévore, prurigo ?
- Il y a plus, monsieur le duc, continua le ministre de la police, nous sommes à peu prés sûrs que dans peu de temps l'usurpateur sera fou.
- Fou ?
- Fou à lier : sa tête s'affaiblit, tantôt il pleure à chaudes larmes, tantôt il rit à gorge déployée ; d'autres fois, il passe des heures sur le rivage à jeter des cailloux dans l'eau, et lorsque le caillou a fait cinq ou six ricochets, il paraît aussi satisfait que s'il avait gagné un autre Marengo ou un nouvel Austerlitz. Voilà, vous en conviendrez, des signes de folie.
- Ou de sagesse, monsieur le baron, ou de sagesse, dit Louis XVIII en riant : c'était en jetant des cailloux à la mer que se récréaient les grands capitaines de l'Antiquité ; voyez Plutarque, à la vie de Scipion l'Africain. »
M. de Blacas demeura rêveur entre ces deux insouciances. Villefort, qui n’avait pas voulu tout lui dire pour qu’un autre ne lui enlevât point le bénéfice tout entier de son secret, lui en avait dit assez, cependant, pour lui donner de graves inquiètudes.
« Allons, allons, Dandré, dit Louis XVIII, Blacas n'est point encore convaincu ; passez à la conversion de l'usurpateur »
Le ministre de la Police s'inclina.
« Conversion de l'usurpateur ! murmura le duc, regardant le roi et Dandré, qui alternaient comme deux bergers de Virgile. L'usurpateur est-il converti ?
- Absolument, mon cher duc.
- Aux bons principes ; expliquez cela, baron.
- Voici ce que c'est, monsieur le duc, dit le ministre avec le plus grand sérieux du monde : dernièrement Napoléon a passé une revue, et comme deux ou trois de ses vieux grognards, comme il les appelle, manifestaient le désir de revenir en France il leur a donné leur congé en les exhortant à servir leur bon roi ; ce furent ses propres paroles, monsieur le duc, j'en ai la certitude.
- Eh bien, Blacas, qu'en pensez-vous ? dit le roi triomphant, en cessant un instant de compulser le scoliaste volumineux ouvert devant lui.
- Je dis, Sire, que M. le ministre de la Police ou moi nous nous trompons ; mais comme il est impossible que ce soit le ministre de la Police, puisqu'il a en garde le salut et l'honneur de Votre Majesté, il est probable que c'est moi qui fais erreur. Cependant, Sire, à la place de Votre Majesté, je voudrais interroger la personne dont je lui ai parlé ; j'insisterai même pour que Votre Majesté lui fasse cet honneur.
- Volontiers, duc, sous vos auspices je recevrai qui vous voudrez ; mais je veux le recevoir les armes en main. Monsieur le ministre, avez-vous un rapport plus récent que celui-ci ! car celui-ci a déjà la date du 20 février, et nous sommes au 3 mars !
- Non, Sire, mais j'en attendais un d'heure en heure. Je suis sorti depuis le matin, et peut-être depuis mon absence est-il arrivé.
- Allez à la préfecture, et s'il n'y en a pas, eh bien, eh bien, continua en riant Louis XVIII, faites-en un ; n'est-ce pas ainsi que cela se pratique ?
- Oh ! Sire ! dit le ministre, Dieu merci, sous ce rapport, il n'est besoin de rien inventer ; chaque jour encombre nos bureaux des dénonciations les plus circonstanciées, lesquelles proviennent d'une foule de pauvres hères qui espèrent un peu de reconnaissance pour des services qu'ils ne rendent pas, mais qu'ils voudraient rendre. Ils tablent sur le hasard, et ils espèrent qu'un jour quelque événement inattendu donnera une espèce de réalité à leurs prédictions.
- C'est bien ; allez, monsieur, dit Louis XVIII, et songez que je vous attends.
- Je ne fais qu'aller et venir, Sire ; dans dix minutes je suis de retour.
- Et moi, Sire, dit M. de Blacas, je vais chercher mon messager.
- Attendez donc, attendez donc, dit Louis XVIII. En vérité, Blacas, il faut que je vous change vos armes ; je vous donnerai un aigle aux ailes déployées, tenant entre ses serres une proie qui essaie vainement de lui échapper, avec cette devise : Tenax.
- Sire, j'écoute, dit M. de Blacas, se rongeant le poing d'impatience.
- Je voudrais vous consulter sur ce passage : Molli fuguies anhelitu, vous savez, il s'agit du cerf qui fuit devant le loup. N'êtes-vous pas chasseur et grand louvetier ? Comment trouvez-vous, à ce double titre, le molli anhelitu ?
- Admirable, Sire ; mais mon messager est comme le cerf dont vous parlez, car il vient de faire 220 lieues en poste, et cela en trois jours à peine.
- C'est prendre bien de la fatigue et bien du souci, mon cher duc, quand nous avons le télégraphe qui ne met que trois ou quatre heures, et cela sans que son haleine en souffre le moins du monde.
- Ah ! Sire, vous récompensez bien mal ce pauvre jeune homme, qui arrive de si loin et avec tant d'ardeur pour donner à Votre Majesté un avis utile ; ne fût-ce que pour M. de Salvieux, qui me le recommande, recevez-le bien, je vous en supplie.
- M. de Salvieux, le chambellan de mon frère ?
- Lui-même.
- En effet, il est à Marseille.
- C'est de là qu'il m'écrit.
- Vous parle-t-il donc aussi de cette conspiration ?
- Non, mais il me recommande M. de Villefort, et me charge de l'introduire près de Votre Majesté.
- M. de Villefort ? s'écria le roi ; ce messager s'appelle-t-il donc M. de Villefort ?
- Oui, Sire.
- Et c'est lui qui vient de Marseille ?
- En personne.
- Que ne me disiez-vous son nom tout de suite ! reprit le roi, en laissant percer sur son visage un commencement d'inquiétude.
- Sire, je croyais ce nom inconnu de Votre Majesté.
- Non pas, non pas, Blacas ; c'est un esprit sérieux, élevé, ambitieux, surtout ; et, pardieu, vous connaissez de nom son père.
- Son père ?
- Oui, Noirtier.
- Noirtier le girondin ? Noirtier le sénateur ?
- Oui, justement.
- Et Votre Majesté a employé le fils d'un pareil homme ?
- Blacas je vous ai dit que Villefort était ambitieux : pour arriver, Villefort sacrifiera tout, même son père.
- Alors, Sire, je dois donc le faire entrer ?
- A l'instant même, duc. Où est-il ?
- Il doit m'attendre en bas, dans ma voiture.
- Allez me le chercher.
- J'y cours. »
Le duc sortit avec la vivacité d'un jeune homme ; l'ardeur de son royalisme sincère lui donnait vingt ans.
Louis XVIII resta seul, reportant les yeux sur son Horace entrouvert et murmurant :
Justum et tenacem propositi virum.
M. de Blacas remonta avec la même rapidité qu'il était descendu ; mais dans l'antichambre il fut forcé d'invoquer l'autorité du roi. L'habit poudreux de Villefort, son costume, où rien n'était conforme à la tenue de cour, avait excité la susceptibilité de M. de Brézé, qui fut tout étonné de trouver dans ce jeune homme la prétention de paraître ainsi vêtu devant le roi. Mais le duc leva toutes les difficultés avec un seul mot : ordre de Sa Majesté ; et malgré les observations que continua de faire le maître des cérémonies, pour l'honneur du principe, Villefort fut introduit.
Le roi était assis à la même place où l'avait laissé le duc. En ouvrant la porte, Villefort se trouva juste en face de lui : le premier mouvement du jeune magistrat fut de s'arrêter.
« Entrez, monsieur de Villefort, dit le roi, entrez. »
Villefort salua et fit quelques pas en avant, attendant que le roi l’interrogeât.
« Monsieur de Villefort, continua Louis XVIII, voici le duc de Blacas, qui prétend que vous avez quelque chose d'important à nous dire.
- Sire, M. le duc a raison, et j'espère que Votre Majesté va le reconnaître elle-même.
- D'abord, et avant toutes choses, monsieur, le mal est-il aussi grand, à votre avis, que l'on veut me le faire croire ?
- Sire, je le crois pressant ; mais, grâce à la diligence que j'ai faite, il n'est pas irréparable, je l'espère.
- Parlez longuement si vous le voulez, monsieur, dit le roi, qui commençait à se laisser aller lui-même à l'émotion qui avait bouleversé le visage de M. de Blacas, et qui altérait la voix de Villefort ; parlez, et surtout commencez par le commencement : j'aime l'ordre en toutes choses.
- « Sire, dit Villefort, je ferai à Votre Majesté un rapport fidèle, mais je la prierai cependant de m'excuser si le trouble où je suis jette quelque obscurité dans mes paroles. »
Un coup d'oeil jeté sur le roi, après cet exorde insinuant, assura Villefort de la bienveillance de son auguste auditeur, et il continua : Sire, je suis arrivé le plus rapidement possible à Paris pour apprendre à Votre Majesté que j'ai découvert dans le ressort de mes fonctions, non pas un de ces complots vulgaires et sans conséquence, comme il s'en trame tous les jours dans les derniers rangs du peuple et de l'armée, mais une conspiration véritable, une tempête qui ne menace rien de moins que le trône de Votre Majesté. Sire, l'usurpateur arme trois vaisseaux ; il médite quelque projet, insensé peut- être, mais peut-être aussi terrible, tout insensé qu'il est. 7 cette heure, il doit avoir quitté l'île d'Elbe, pour aller où ? je l'ignore, mais à coup sûr pour tenter une descente soit à Naples, soit sur les côtes de Toscane, soit même en France. Votre Majesté n'ignore pas que le souverain de l'île d'Elbe a conservé des relations avec l’Italie et avec la France.
- Oui, monsieur, je le sais, dit le roi fort ému, et, dernièrement encore, on a eu avis que des réunions bonapartistes avaient lieu rue Saint-Jacques ; mais continuez, je vous prie ; comment avez-vous eu ces détails ?
- Sire, ils résultent d'un interrogatoire que j'ai fait subir à un homme de Marseille que depuis longtemps je surveillais et que j'ai fait arrêter le jour même de mon départ ; cet homme, marin turbulent et d'un bonapartisme qui m'était suspect, a été secrètement à l'île d'Elbe ; il y a vu le grand maréchal qui l'a chargé d'une mission verbale pour un bonapartiste de Paris, dont je n'ai jamais pu lui faire dire le nom ; mais cette mission était de charger ce bonapartiste de préparer les esprits à un retour remarquez que c'est l'interrogatoire qui parle, Sire, à un retour qui ne peut manquer d'être prochain.
- Et où est cet homme ? demanda Louis XVIII.
- En prison, Sire.
- Et la chose vous a paru grave ?
- Si grave, Sire, que cet événement m'ayant surpris au milieu d'une fête de famille, le jour même de mes fiançailles, j'ai tout quitté, fiancée et amis, tout remis à un autre temps pour venir déposer aux pieds de Votre Majesté et les craintes dont j'étais atteint et l'assurance de mon dévouement.
- C'est vrai, dit Louis XVIII ; n'y avait-il pas un projet d'union entre vous et Mlle de Saint-Méran ?
- La fille d'un des plus fidèles serviteurs de Votre Majesté.
- Oui, oui ; mais revenons à ce complot, monsieur de Villefort.
- Sire, j'ai peur que ce soit plus qu'un complot, j'ai peur que ce soit une conspiration.
- Une conspiration dans ces temps-ci, dit le roi en souriant, est chose facile à méditer, mais plus difficile à conduire à son but, par cela même que, rétabli d'hier sur le trône de nos ancêtres, nous avons les yeux ouverts à la fois sur le passé, sur le présent et sur l'avenir ; depuis dix mois, mes ministres redoublent de surveillance pour que le littoral de la Méditerranée soit bien gardé. Si Bonaparte descendait à Naples, la coalition tout entière serait sur pied, avant seulement qu'il fût à Piombino ; s'il descendait en Toscane, il mettrait le pied en pays ennemi ; s'il descend en France, ce sera avec une poignée d'hommes, et nous en viendrons facilement à bout, exécré comme il l'est par la population. Rassurez-vous donc, monsieur ; mais ne comptez pas moins sur notre reconnaissance royale.
- Ah ! voici M. Dandré ! » s'écria le duc de Blacas.
En ce moment, parut en effet sur le seuil de la porte M. le ministre de la Police, pâle, tremblant, et dont le regard vacillait, comme s'il eût été frappé d'un éblouissement.
Villefort fit un pas pour se retirer ; mais un serrement de main de M. de Blacas le retint. [1][2]
其他有趣的翻譯
- 旅游法語口語系列一
- 旅游法語口語系列二
- 旅游法語:第一次坐法國航班
- 旅游法語:博物館musées
- 旅游法語:旅店hotel
- 旅游法語:宗教religion
- 旅游法語:中國歷史年表
- 旅游法語:Voyage
- 商業(yè)詞匯法英對照系列一
- 商業(yè)詞匯法英對照系列二
- 商業(yè)詞匯法英對照系列三
- 商業(yè)詞匯法英對照系列四
- 商業(yè)詞匯法英對照系列五
- 商業(yè)詞匯法英對照系列六
- 商業(yè)詞匯法英對照系列七
- 商業(yè)詞匯法英對照系列八
- 什么是企業(yè)(法漢對照)
- 外貿(mào)法語常用語
- 中國國家領(lǐng)導(dǎo)人會見外賓常用語
- 法語專業(yè)《跨文化交際》
- 法語中常用的足球術(shù)語
- 出生證明法文公證樣本
- 法語個人簡歷樣本一
- 法語個人簡歷樣本二
- 法語個人簡歷樣本三
- 法語簡歷與求職信樣本
網(wǎng)友關(guān)注
- 法語語法資料:虛擬式愈過去時
- 新概念法語發(fā)音輔導(dǎo):字母發(fā)音的幾個常見問題
- 新概念法語語法輔導(dǎo):需注意的泛指形容詞
- 法語入門基礎(chǔ)語法:一般疑問句
- 新概念法語綜合輔導(dǎo):法語笑話一則
- 法語語法資料:感嘆句
- 新概念法語語法輔導(dǎo):關(guān)于同位語的用法
- 法語語法素材:復(fù)合過去分詞
- 新概念法語語法輔導(dǎo):副詞的比較級和最高級
- 法語語法資料:分數(shù)/倍數(shù)
- 新概念法語詞匯學(xué)習(xí)輔導(dǎo):法語反義詞輔導(dǎo)2
- 法語語法輔導(dǎo)素材:復(fù)合時態(tài)(1)
- 法語語法輔導(dǎo)素材:副代詞y01
- 新概念法語語法輔導(dǎo):引導(dǎo)虛擬式現(xiàn)在時的幾個詞
- 新概念法語詞匯學(xué)習(xí)輔導(dǎo):法語反義詞輔導(dǎo)1
- 法語語法指導(dǎo):法語指示代詞
- 新概念法語學(xué)習(xí)資料:復(fù)合過去分詞
- 新概念法語語法輔導(dǎo):副詞的比較級和最高級
- 法語入門基礎(chǔ)語法:感嘆句
- 法語語法學(xué)習(xí)指導(dǎo):法語動詞passer最全用法
- 法語語法指導(dǎo):其它連詞
- 新概念法語詞匯輔導(dǎo):家庭相關(guān)用語
- 法語語法輔導(dǎo)資料:冠詞的知識點(2)
- 法語介詞“de”的用法詳解1
- 新概念法語語法輔導(dǎo):關(guān)系從句要避免指代不清
- 法語語法素材:虛擬式用于獨立句
- 新概念法語翻譯輔導(dǎo):登幽州臺歌欣賞
- 法語入門基礎(chǔ)語法:不定式句
- 新概念法語語法輔導(dǎo):法語基礎(chǔ)語法輔導(dǎo)二
- 新概念法語語法輔導(dǎo):法語復(fù)合時態(tài)賓語前置
- 新概念法語語法輔導(dǎo):關(guān)系從句相關(guān)語法知識
- 新概念法語翻譯輔導(dǎo):鵲橋仙詩歌欣賞
- 新概念法語詞匯學(xué)習(xí)輔導(dǎo):法語反義詞輔導(dǎo)4
- 新概念法語詞匯學(xué)習(xí)輔導(dǎo):法語反義詞輔導(dǎo)3
- 新概念法語語法輔導(dǎo):看,瞥,還是窺視
- 新概念法語發(fā)音輔導(dǎo):法語語音語調(diào)講解
- 法語語法素材:不定式
- 法語語法學(xué)習(xí)指導(dǎo):法語標點符號之妙用3
- 新概念法語語法輔導(dǎo):法語基礎(chǔ)語法輔導(dǎo)四
- 法語語法輔導(dǎo)資料:冠詞的知識點(1)
- 法語語法綜合輔導(dǎo)素材35
- 法語入門基礎(chǔ)語法:復(fù)合句
- 法語語法輔導(dǎo)素材:復(fù)合過去分詞
- 法語四級語法輔導(dǎo)與詞匯模擬題
- 法語語法輔導(dǎo)素材:虛擬式用于獨立句
- 法語語法學(xué)習(xí)指導(dǎo):法語動詞變位最強歸納總結(jié)
- 法語語法指導(dǎo):法語復(fù)合時態(tài)賓語前置
- 新概念法語語法輔導(dǎo):法語基礎(chǔ)語法輔導(dǎo)三
- 法語語法綜合輔導(dǎo)素材25
- 法語語法指導(dǎo):名詞和形容詞的單復(fù)數(shù)形式
- 法語語法輔導(dǎo)資料:冠詞的知識點(5)
- 法語入門基礎(chǔ)語法:特殊疑問句
- 法語語法輔導(dǎo)素材:不定式02
- 新概念法語語法輔導(dǎo):介詞“de”的十八種用法
- 法語語法指導(dǎo):感嘆詞
- 法語語法輔導(dǎo)素材:復(fù)合時態(tài)(2)
- 新概念法語發(fā)音輔導(dǎo):再談plus的發(fā)音
- 新概念法語語法輔導(dǎo):à與de小議
- 法語學(xué)習(xí)之法語商務(wù)詞匯輔導(dǎo)
- 法語語法資料:獨立分詞從句
- 新概念法語【中法對照】論語翻譯2
- 法語介詞“de”的用法詳解2
- 新概念法語語法輔導(dǎo):副詞的比較級和最高級
- 新概念法語語法輔導(dǎo):條件式現(xiàn)在時
- 法語語法輔導(dǎo)素材:不定式01
- 法語入門基礎(chǔ)語法:疑問句
- 法語語法輔導(dǎo)資料:冠詞的知識點(3)
- 法語語法綜合輔導(dǎo)素材10
- 新概念法語語法輔導(dǎo):性數(shù)配合大結(jié)集
- 新概念法語語法輔導(dǎo):法語主要介詞及用法 à
- 法語語法學(xué)習(xí)指導(dǎo):法語使用il或elle時容易犯的錯誤
- 法語介詞攻略欣賞——法語主要介詞及用法 à
- 法語語法學(xué)習(xí)指導(dǎo):法語標點符號之妙用2
- 新概念法語【中法對照】論語翻譯1
- 新概念法語語法輔導(dǎo):形容詞的最高級和比較級
- 法語語法綜合輔導(dǎo)素材20
- 法語語法輔導(dǎo)素材:將來時
- 新概念法語語法輔導(dǎo):法語基礎(chǔ)語法輔導(dǎo)一
- 新概念法語語法輔導(dǎo):Décider后面是de還是à?
- 新概念法語語法輔導(dǎo):需注意的泛指形容詞
- 法語語法指導(dǎo):Décider后面是de還是à?
精品推薦
- 2022七月最后一天傷感說說 七月底最后一天結(jié)束的說說
- 2022氣質(zhì)型男生傷感朋友圈說說 深沉傷感的帥氣男生文案
- 在前任那里一定要學(xué)會的現(xiàn)實文案 戀愛中現(xiàn)實的精辟語錄2022
- 現(xiàn)實的語錄有點扎心 精辟冷酷扎心現(xiàn)實語錄2022
- 名偵探柯南經(jīng)典臺詞 名偵探柯南經(jīng)典語錄大全
- 2022成為房奴了的經(jīng)典說說 正式成為房奴的短句
- 干洗加盟店十大品牌 干洗加盟店品牌哪個好
- 邵陽師范學(xué)院是一本還是二本 邵陽學(xué)院是幾本
- 蟲草回收大約多少一克 冬蟲夏草回收價格一覽
- 2022可愛到打滾的俏皮語錄簡短 搞笑皮句子皮上天的句子
- 奎屯市05月30日天氣:陰轉(zhuǎn)晴,風(fēng)向:無持續(xù)風(fēng)向,風(fēng)力:<3級,氣溫:26/12℃
- 瑪納斯縣05月30日天氣:多云轉(zhuǎn)陰,風(fēng)向:東北風(fēng),風(fēng)力:3-4級轉(zhuǎn)<3級,氣溫:25/13℃
- 都蘭縣05月30日天氣:小雨,風(fēng)向:西北風(fēng),風(fēng)力:<3級,氣溫:20/9℃
- 積石山縣05月30日天氣:小雨轉(zhuǎn)中雨,風(fēng)向:東北風(fēng),風(fēng)力:<3級,氣溫:26/15℃
- 聊城市05月30日天氣:小雨轉(zhuǎn)多云,風(fēng)向:東北風(fēng),風(fēng)力:<3級,氣溫:27/17℃
- 拜城縣05月30日天氣:晴,風(fēng)向:無持續(xù)風(fēng)向,風(fēng)力:<3級,氣溫:25/9℃
- 柯坪縣05月30日天氣:陰,風(fēng)向:無持續(xù)風(fēng)向,風(fēng)力:<3級,氣溫:28/13℃
- 臨猗縣05月30日天氣:晴轉(zhuǎn)多云,風(fēng)向:西風(fēng),風(fēng)力:<3級,氣溫:22/18℃
- 廣德縣05月30日天氣:小雨轉(zhuǎn)雷陣雨,風(fēng)向:東北風(fēng),風(fēng)力:<3級,氣溫:27/21℃
- 喀什區(qū)05月30日天氣:陰,風(fēng)向:無持續(xù)風(fēng)向,風(fēng)力:<3級,氣溫:26/16℃
分類導(dǎo)航
熱門有趣的翻譯
- 法語熱門:給我一次機會
- 法國的家庭寵物
- 法語日常口語學(xué)習(xí):酒類
- 法語入門基礎(chǔ)語法指導(dǎo):直陳式先過去時
- 法語語法指導(dǎo):名詞前用限定詞的作用
- 法語閱讀經(jīng)典素材整理25
- 法語語法指導(dǎo):法語語法解析4
- 法語語法與詞匯考試練習(xí)選擇題整理(3)
- 優(yōu)美法語每日一說:只道當(dāng)時年紀小,對愛知之甚少
- 法語語法輔導(dǎo):各并列連詞的表現(xiàn)形式
- 基礎(chǔ)法語語法:tout
- 看漫畫學(xué)法語:Anpe
- 地理相關(guān)法語詞匯
- 新概念法語對話輔導(dǎo)資料:我很抱歉
- 《茶花女》法語版第12章
- 法語口語:困了Fatigué
- 法語語法中的復(fù)合過去時及其性數(shù)配合
- 法語詞匯素材:汽車相關(guān)詞匯整理13
- 初學(xué)者必備法語詞匯:CONNAITRE SAVOIR(音頻朗讀)
- 新概念法語發(fā)音輔導(dǎo):表達情感的重音
- 法語詞匯學(xué)習(xí):常用短語2
- 英法同形詞義辨析:Peine / Pain
- 法語閱讀:軟屏手機時代即將來臨?
- 法語口語:Bailler 打哈欠
- 留法實用詞匯之 “時差”
- 《茶花女》中法對照第7章(法語)